Pendant des siècles, La Manche a nourri les régions densément peuplées qui l'entourent. Des courants parmi les plus puissants au monde, des côtes irrégulières et un climat tempéré ont soutenu sa biodiversité et son importante biomasse.
Aujourd'hui, une question revient dans des débats sans fin concernant les quotas de pêche, la prolifération des algues vertes ou les energies marines renouvelables:
Comment la Manche se porte-t-elle? Et à quoi ressemblera t-elle dans 50 ans?
Parmi les indicateurs disponibles, les relevés de prises de pêche et les revues ponctuelles des fonds marins sont utiles, mais ne couvrent qu'une petite partie de ce patrimoine invisible.
En outre, pour le grand public, qui a un poids croissant dans les choix de gestion de ce bien commun, des pages de statistiques sont plus abstraites que la photo d'un oiseau mazouté sur une plage, tandis que des images parcellaires peuvent être facilement biaisées.
Comment pourrait-on donner au public une vision à la fois globale, concrète et objective de la Manche?
Pour le savoir, nous avons décidé de nous immerger dans la Manche et d'y séjourner. Ce qui n'était au début qu'un rêve d'enfant est devenu un projet :
Le 5 août 2016, nous quitterons Plymouth en Angleterre pour une traversée d'environ 250km à travers la Manche jusqu'à Saint-Malo en France, à bord d'un sous-marin autonome conçu pour l'occasion. Pendant environ une semaine, nous suivrons le fond de la mer sans faire surface afin de pouvoir observer une variété de paysages sous-marins, dont la partie centrale plus profonde.
En complément des observations directes, nous enregistrerons une mosaïque continue d'images du fond, le bruit ambiant (profitant du silence de la propulsion humaine) et d'autres paramètres physiques. Notre ambition est d'apporter au grand public une vision représentative du fond de la Manche et d'aider les chercheurs partenaires du projet à affiner les cartes d'habitats des écosystèmes de la Manche.
Nous pourrions également découvrir des épaves. Il en existe des centaines en Manche ouest, et beaucoup n'ont pas encore été identifiées.
Credit: Peterkoelbl